Du talent et du flair…

Plus que le travail, le talent reste une condition clef pour produire des buteurs capés.
Pour certains postes de jeu, le travail continu ne suffit pas même au haut niveau pour réussir. Peut-on produire des créateurs, de grands joueurs rien qu’en se basant sur le travail chargé ? Pas vraiment. L’exemple de l’Allemagne est édifiant : un pays qui a travaillé de longues années mais qui a eu une longue traversée du désert, faute de talents. Même raisonnement pour l’attaquant-buteur, un poste sensible où le talent est l’insoutenable point de départ. Renard de surface, buteur, attaquant de pointe, les appellations sont nombreuses, mais le sens est le même : le numéro 9 qui enflamme les stades et qui enfonce les filets. Ce n’est pas une marchandise abondante, ce n’est pas en quelques mois que l’on peut faire émerger et stabiliser un attaquant pareil. Notre championnat en est la preuve : Khenissi et Chaouat sont l’exception d’un paysage pauvre et qui voit les attaquants étrangers faire une inquiétante invasion. Ils sont nombreux, ils n’ont pas forcément la même valeur, et ils sont si demandés par nos clubs. Pourquoi on n’a plus cette race de buteurs produit tunisien ? Simplement parce que le talent fait défaut, et parce que les détecteurs de jeunes joueurs ne font plus leur travail. On a des joueurs qui atteignent 18 et 19 ans, et qui sont lancés sans accompagnement dans le bain du championnat. Ils calent, ils sont contestés, et ils finissent par abandonner ou par faire un chemin dans les petits clubs divisionnaires. L’invasion des buteurs étrangers, qui n’est pas nouvelle, est inquiétante : on ramène n’importe qui, surtout des marchés africains, alors qu’on n’est pas indulgent vis-à-vis des quelques Tunisiens en circulation. On a besoin alors de mettre en confiance les attaquants actuels, d’autant que le buteur n’est plus forcément ce numéro 9, transformation tactique oblige.

Il vit bien en groupe

Le football moderne met beaucoup de charge sur le buteur : il doit être opportuniste, fort athlétiquement ( pour mener des appels et des courses brèves), et fort mentalement pour saisir la moindre chance. Le buteur c’est quelqu’un aussi qui vit bien dans le groupe et qui sait donner des repères et des signaux à ses équipiers : c’est le joueur sur lequel toute l’équipe joue. C’est lui qui concrétise les efforts et les actions collectives, c’est l’homme de la surface de réparation. On a toujours la fausse idée que c’est un joueur athlétique, costaud et qui joue bien avec sa tête. Ça a tellement évolué. Mais pour rester dans notre sujet, on dira que pour sauver cette race, on devra mettre en confiance les attaquants actuels et changer d’approche du côté des jeunes sélections. Quelques jeunes prometteurs mis en relief, bien entretenus et vous verrez que dans quelques années, ils finiront par s’éclater et réussir. C’est un poste sensible et très difficile ; la preuve, même sur les championnats de haut niveau, les numéros 9 de qualité sont rares.

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